Témoignages
Sonia
C’est à l’âge de 30 ans que Sonia tombe dans la prostitution après avoir été repérée par un riche homme d’affaire alors qu’elle était employée d’une boutique de luxe parisienne.
Le scénario se répète à l'identique avec d’autres hommes riches. Elle se voit couverte de cadeaux, invitée dans des hôtels et restaurants luxueux aux 4 coins du monde. Lorsqu'elle se réveille une enveloppe l'attend sur la table de nuit, sans pourtant que cet aspect-là, nous explique-t-elle, n'ait été convenu.
Sonia ne se dit pas motivée par l’argent mais par l’affection qu’elle pensait recevoir de ses clients. Elle se sent valorisée et investie sentimentalement. Elle pense naïvement voir de l’amour là où il n’y a qu’une marchandisation de son corps. Elle préfère se définir comme ancienne dame de compagnie de luxe expliquant qu'elle choisissait comment se terminait la soirée.
Sonia est une femme qui ressent un profond manque affectif depuis l’enfance. Une enfance marquée par des abus sexuels incestueux que sa propre mère a refusé d’entendre. Cette attitude a laissé chez Sonia un véritable sentiment d’abandon et un manque chronique d’estime de soi. Par le biais de cette activité, Sonia pensait regagner l’affection de sa mère en l’aidant financièrement mais cela s’est révélé être un amour une nouvelle fois monnayé.
Les clients s'enchaînent et sont de plus en plus violents : ils payent et estiment donc avoir le droit de disposer de son corps librement. Elle prend finalement conscience que tous ces hommes abusent de sa faiblesse. Elle poursuit malgré tout son activité d’escorting jusqu’au jour où, en 2013, Sonia atteint le point de non-retour : elle est séquestrée et battue par son ex-conjoint devenu son proxénète.
Elle contacte alors notre Association. Nous la suivons depuis lors aussi bien dans ses démarches administratives, juridiques que médicales. Nous tâchons d’apporter à cette femme, en proie à une solitude sociale extrême, un soutien psychologique indispensable.
De son passé, Sonia a gardé de très lourdes séquelles : addiction à l’alcool (plusieurs cures de sevrages entreprises), hépatite, cirrhose du foie (Les médecins estiment qu’il ne lui reste que 2 ans à vivre), solitude, dépression, dévalorisation d’elle-même… etc.
Aujourd’hui, à 42 ans, Sonia souffre encore de son ancienne activité mais trouve un grand réconfort dans une nouvelle communauté religieuse qu’elle a rejoint et qui lui redonne confiance en elle.